L'alphabet original des runes nordiques, le futhark à 24 lettres, représentant les 24 Constellations visibles des anciens Scandinaves, dont les Vikings, est souvent appelé la « ligne rune » et était organisé en trois groupes de 8 runes chacun, dénommés ätter (familles) ; les ätts de Freyr (ou Frey), Hagal et Týr respectivement, le premier caractère de chaque groupe étant exemplifié par le caractère initial du nom.
Le futhark original nordique de 24 lettres, aussi connu comme le futhark germanique : Fehu, Ūruz, Þurisaz, Ansuz, Reiðō, Kaunaz, Gäbon, Wunjō, Hagalaz, Nauþi, Īsa, Jēra, Eihwaz, Perþ, Algiz, Sōwila, Tiwaz, Berkō, Ehwaz, Mannaz, Laguz, Inguz, Dagaz et Oþila(Propriété Óðal).
L'alphabet runique fut créé par les locuteurs de dialectes de langues germaniques afin d'écrire leurs langues. Bien que quelques érudits prétendent que les runes seraient entièrement issues de l'alphabet grec (Morris in Odenstedt 359) ou du latin (Odenstedt 362) la plupart des érudits considèrent que cet alphabet est un mélange aux origines diverses. Seebold5, Krause3, Jensen (571) et Coulmas (1996: 444 ff.) pensent que l'alphabet runique est un mélange d'alphabets italique nordique/alpin avec une influence latine.
Cette pensée majoritaire est certainement plus réaliste que les explications fournies par Morris et Odenstedt.
Quelques lettres ont une origine latine évidente, par exemple les runes pour /f/ et /r/, d'autres qui rappellent — au moins au niveau du format — l'alphabet alpin, par exemple le rune /h/. Il y a aussi des symboles qui peuvent être aussi bien latins que alpins, par exemple la rune /i/-rune. Bernal (36) pense qu'il y avait aussi quelques substrats d'alphabet impliqué ; Miller (62) prétend que les origines de l'alphabet runique sont le méditerranéen archaïque. Les deux n'expliquent pas les raisons de leurs croyances. Dans le même travail, Miller écrit aussi que les paramètres phonétiques sur lesquels l'alphabet runique est basé sont finalement clairement sémitique et sont liés aux scénarios de Byblos et Ugarit aussi bien que l'alphabet phénicien. Plusieurs scénarios runiques différents furent développés au cours du temps.
Les runes étaient ordinairement utilisées pour des inscriptions dans le bois, le métal, le cuir ou la pierre. Les runes consistaient principalement de marques verticales et diagonales, avec moins de marques horizontales ou courbées (certaines versions de runes n'en ont aucune). Le dessin des runes aidait à leur sculpture dans le bois. Les mots étaient écrits le long du grain du bois, signifiant que toutes les marques étaient coupées à travers le grain. Ceci est dû au fait que des coupes le long du grain auraient provoqué des cassures dans le bois, ou se seraient refermées si le bois absorbait de l'humidité.
Les runes les plus anciennes qui nous sont parvenus seraient datées de l'an 200, et il est généralement accepté qu'elles ne furent pas inventées avant l'an 1. Ces runes primitives jusqu'aux environs de l'an 650 semblent toutes utiliser le même futhark de 24 runes. La plupart de ces inscriptions sont très courtes et incompréhensibles, et dans presque tous les cas il est difficile de les traduire et d'être certain de leur langue précise. La plupart des runes préservées sont en pierre, cependant quelques fragments existent en bois, écorce et os, et quelques-unes sur du parchemin, le plus fameux étant le Codex Runicus.
Il apparaît que les runes pourraient être beaucoup plus anciennes. Le rune pour le son æ, comme dans sAd, n'était pas utilisé dans l'écriture, car à cette époque les langues germaniques n'avaient pas ce son. Néanmoins, dans chaque liste de caractères il apparaît toujours. Cependant, dans le proto-ouest germain æ semble avoir existé comme un phonème complet. Il est à noter que rien ne permet de prouver que le futhark aurait subi l'influence latine ou grecque. Au contraire, il serait plus judicieux de les dater d'une époque très antérieure, puisque le système d'écriture "ancêtre" des runes, l'écriture dite d'Hallristinger, et présentant cette même forme rude et rectiligne, découverte dans la partie nord nord-ouest de l'europe, daterait de la fin de la préhistoire. On note que le svastika y est très présent, on denombre dans cette écriture jusqu'à cinq versions de ce symbole solaire (note : "Svastika" signifie "tout est bien" en sanscrit).
Plus tard les runes variaient d'un pays à l'autre. L'éventail du futhark se réduit à 16 ou 18 runes en Norvège et en Suède, où la vaste majorité des runes plus récentes sont trouvées. En Angleterre la futhark augmenta à environ 28 runes (plus quelques-unes utilisées seulement régionalement ou pour des noms propres étrangers).
Presque toutes les runes qui ont été déchiffrées furent utilisées pour écrire des langues germaniques, comme le vieux nordique, le norvégien, le suédois, le vieil anglais, et dans le cas de nombreuses runes anciennes, les langues semblent germaniques mais sont difficiles à identifier plus précisément. La seule utilisation de runes identifiée pour des langues non germaniques est probablement quelques inscriptions en latin écrites avec des runes anglaises, ou plutôt un mélange de lettres latines et de runes anglaises. Il est possible qu'il y ait quelques rares autres cas.
Bien que les runes aient été utilisées pour des travaux d'écriture comme la Bible, elles étaient utilisées plus habituellement pour des inscriptions courtes plutôt que pour un texte complet.
Les runes semblent être tombées en désuétude autour de l'an mil sauf en Scandinavie où elles continuèrent à être utilisée pendant quelques autres siècles. Quelques régions plus isolées de Scandinavie continuèrent à utiliser les runes jusqu'à l'époque moderne. Il y eut quelques renaissances au cours des siècles, le plus souvent par des gens voulant s'associer avec le passé d'une certaine manière. La vague actuelle d'enthousiasme semble partiellement inspirée par J.R.R. Tolkien et partiellement par le mysticisme New Age. Les runes ont une valeur importante pour les adeptes de la religion Ásatrú.
Les runes ont été utilisées, dans la littérature, pour créer un effet "d'authenticité" et aussi donner des indications "historiques", dans l'ouvrage :
En effet, pour l'instant, les quatres seuls écrivains ayant utilisé les runes dans leur(s) ouvrage(s), sont John Ronald Reuel Tolkien, Jules Verne, Joanne Kathleen Rowling et Erik L'Homme.
Les runes furent abondamment utilisées par J. R. R. Tolkien, notamment, dans "Bilbo le Hobbit" (pour la carte réalisée, lors des Aventures de Bilbo), et aussi surtout "Le Seigneur des Anneaux", illustrant, les ouvrages de Bilbo, à Hobbitbourg, les écrits à Fondcombe-Rivendell, la Porte de la Moria, la tombe de Balin, les murs de cette tombe et le livre lu par Gandalf, dans cette tombe.
J.R.R Tolkien utilise les runes, mais la langue utilisée est anglaise.
Concernant Jules Verne, l'utilisation des runes est aussi très présente, dans son ouvrage d'aventure Voyage au centre de la Terre. Jules Verne utilise les runes (le point de départ de l'ouvrage se situe en Islande) pour un message secret et une découverte de passages mystérieux.
Jules Verne utilise aussi l'alphabet runique, mais dans ce cas la langue utilisée est le latin, dans l'ouvrage.
Que ce soit J.R.R Tolkien ou Jules Verne, l'alphabet des runes est identique, mais les langues sont différentes.
Hermione Granger, de la série de livres Harry Potter, étudie les runes dans le troisième tome. C'est apparemment difficile.
La série de jeux vidéo Ultima emploie beaucoup les runes. La langue employée est alors l'anglais ancien.
L'écrivain Erik L'homme emploie aussi les runes dans sa trilogie "Le Livre des étoiles", même si celles ci sont appelées "graphèmes", en leur donnant des pouvoirs magiques.
Dans la mythologie nordique le dieu Odin est suspendu dans le monde-arbre, Yggdrasil pour neuf jours en sacrifice personnel afin d'apporter le cadeau des runes à l'humanité. D'après Tacite, les anciens peuples germaniques avaient l'habitude de creuser des marques sur des feuilles de bois de fruit et les sélectionner comme lots pour la divination. De plus, chaque rune est associée à un dieu, et par là possède une signification magique particulière, qui peut s'associer à d'autres runes pour former un sort, une amulette ou une bénédiction. Ce point, et plusieurs poèmes runiques associés associant des significations et des images avec le nom des lettres runiques a conduit des occultistes à essayer de reconstruire les systèmes de divination en utilisant les lettres runiques.
Biblographie
(en) Bernal, Martin, 1990, Cadmean letters. Winona Lake: Eisenbrauns.
(en)(de) Jensen, Hans, 1970, Sign Symbol and Script. London: George Allen and Unwin Ltd. Translation of Die Schrift in Vergangenheit und Gegenwart. VEB Deutscher Verlag der Wissenschaften. 1958, as revised by the author.
(de)(fr) Krause, Wolfgang, 1970, Runen. Berlin: Walter de Gruyter (traduit en français: Les Runes, 1995, Paris: éditions du Porte-Glaive)
(en) Miller, D. Gary, 1994, Ancient scripts and phonological knowledge, Amsterdam/Philadelphia: John Benjamins Publishing Company.
Musset, Lucien, 1965, Introduction à la runologie, Paris: Aubier-Montaigne
(en) Page, R. I., 1987, Reading the past, volume 4: Runes, British Museum Publications (réédité par University of California Press, 1993)
(de) Seebold, Elmar, 1991, « Die Stellung der englischen Runen im Rahmen der Überlieferung des älteren Fuþark », dans Bammesberger S. 439-569."
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